Ils ont exposé à la Chapelle des Cordeliers

Matières

Trois artistes se rencontrent pour faire dialoguer leurs univers. Bois, métal, textile, trois matières aux tempéraments différents s’entremêlent dans l’espace.

Le bois/cellulaire : Hélène Fromonteil, atelier HF sculpture

Techniquement, sculpter le bois revient à dégager peu à peu de la matière pour en faire émerger une forme. En taillant, Hélène Fromonteil fait corps avec sa matière, elle entre dans le patrimoine du bois. Elle comprend comment ce morceau de bois a été
un jour un arbre.

Etre vivant, l’arbre est constitué de cellules qui s’articulent entre elles et forment un tissu où va circuler la sève. Ce tissu ligneux, visible à l’oeil nu, raconte une histoire et laisse place à la poésie et au sensible.

La série de sculptures Cellules de Matière est un hommage au Bois. Elle y fait jouer le microscopique avec le macroscopique. Elle met en valeur ce qui constitue le vivant.

Ces sculptures aux formes organiques sont inspirées d’une observation du bois au microscope. Elles peuvent aussi illustrer l’accumulation de cellules qui constituent la matière, ou bien montrer la dématérialisation de cette matière. Ces recherches formelles suggèrent à la sculptrice d’autres images, plus lointaines, celles des constellations. Le rapport formel entre ces échelles peut se démultiplier à l’infini.

Le métal : Gaston

En piochant la matière là ou notre société ne voit que rebus, déchet, rouille, Julien L alias « Gaston » crée un univers qui tranche avec ce matériau inépuisable, brut de récupération qu’on nomme vulgairement La Ferraille !

Soudeur formé à l’école de la débrouille, autodidacte, il se régale à créer et composer des mondes imaginaires en amenant du mouvement et une certaines douceur.

Quelques branches ou morceaux de tronc de vieux châtaignier chiné au détour du balade viennent compléter la gamme de matériaux utilisés dans ses créations ou une pointe de bronze apparaît.

Très inspiré par l’Océan, amoureux de la Bretagne, on nagera sans nul doute dans son univers marin emprunt de souplesse et de légèreté qui contraste avec cette ferraille, froide, lourde et tranchante.

Le textile : Sarah Guidoin

Pour commencer une oeuvre textile Sarah rassemble sur une table tous les trésors collectés : perles, bouts de bois, plumes, coquillages. Des matériaux recyclés...et le plus grand trésor : la collection de dentelles anciennes de sa mère.

Puis elle couds à la main avec des centaines de mètres de fil. Dans ces moments là, les éléments s'assemblent naturellement avec une évidence réconfortante, le fil et les aiguilles viennent lier et réparer des histoires, des sentiments.

Ses sculptures mutent, évoluent jusqu'à trouver leur vraie nature, des personnages hybrides, totems protecteurs qui la ramènent à ses croyances d'enfance, à cet animisme teinté de mélancolie qu’elle refuse d'abandonner.

Au centre de l’exposition, le brut, le cellulaire et le chamanique s’apprivoisent pour créer une oeuvre commune spécialement pour cet événement.

Remarqu'arbres ...

est une expo à deux voix ayant pour thème les arbres remarquables des Deux-Sèvres. Il s’agit d’un dialogue graphique entre Anita Lucet-Parisot, artiste peintre domiciliée à Sepvret, et Uriel Parisot, jeune chef opérateur à Paris, photographe.

• Anita réalise ici une série d’acryliques sur toiles de lin brute non apprêtées, et n’utilise qu’une seule couleur, le Gris de Payne. Elle peint « en négatif » : seuls le fond et les contours du sujet sont peints. C’est la toile de lin laissée brute qui dessine le sujet et donne l’éclairage.
• Uriel s’attache à mettre l’accent sur la dimension graphique des arbres qu’il photographie. Il fait le choix du Noir et Blanc pour mettre en valeur l’esthétique des écorces et revenir à la source de la photo : la lumière.

Ils sont allés ensemble sur les lieux d’arbres remarquables pour lesquels ils ont eu des coups de cœur.

Dessins et photos ont été faits sur place sans concertation puis c’est de retour à la maison que ce sont « imposés » des diptyques et des triptyques photos/tableaux.

Parfois des photos d’Uriel ont inspiré après coup des interprétations peintes par Anita.

Sculpteur de rêves

Michel Lacroix est un artiste céramiste qui explore les possibilités infinies du grès émaillé. Ses sculptures sont des invitations au voyage, à l’humour et à la fantaisie. Il ne se soucie pas de l’utilité ou du sens de ses œuvres, mais plutôt de la joie qu’elles procurent à ceux qui les regardent. Chaque pièce est unique et originale, témoignant de sa liberté et de son lâcher prise total.

Ses sculptures sont des contes de fée

"Ses œuvres ne sont pas des énigmes à résoudre. Elles sont des réponses à savourer. Elles répondent notamment à toutes les questions importantes de la vie, courante, familiale, technique, spirituelle, émotionnelle… elles répondent à mille questions que justement, on ne se pose pas et c’est peut-être cela leur charme. Aucune ne suit un chemin tout tracé, essentiel, existentiel, universel… mais toutes nous touchent par le menu, par la connivence, par le détail. D’ailleurs, si on les sollicite à nouveau, il est fort possible qu’elles nous surprennent avec une autre réponse.

Ses œuvres sont des feux d’artifice de couleurs et de textures. Elles jouent avec les contrastes entre le brillant et le mat, le lisse et le rugueux, le chaud et le froid. Elles nous invitent à les toucher, à les caresser, à les sentir. Elles nous font voyager dans des pays lointains ou imaginaires, où les émaux, les oxydes et les engobes sont les épices qui réveillent les sens.

Pour ses créations, il utilise le grès, clair ou anthracite, émaillé à l’unité et cuit à haute température. Chaque pièce est vraiment unique, voire isolée, ce qui pourrait dérouter certains, mais rassurer ceux qui croient en la liberté et au lâcher prise total.

Michel Lacroix est un céramiste avec un regard truculent sur le monde. Ses œuvres en grès sont des cadeaux qu’il nous fait, pour nous faire sourire ou rêver. Elles nous montrent que la céramique est un art vivant et moderne, qui sait allier la technicité à l’expression pure. Elles nous montrent que la céramique est un art magique, et Michel façonne des rêves à partir de la terre. »

Basile Pellé. Oart magazine. 

Faiseuse de formes

Diplômée des Beaux-Arts de Nantes avec les félicitations en 2021, Claire Bodin Villanneau est une artiste plasticienne originaire de Niort. Ses recherches tournent autour de la figuration du corps et de ce qu’apporte l’inachevé. À travers des installations où s'entremêlent dessins et bas-reliefs, elle cherche à troubler la frontière entre le dessin qui se fait sculpture et la sculpture qui se fait dessin.

Elle s'empare des murs et du sol

Le papier ne suffisant pas, elle s'empare des murs et du sol et c'est ainsi que son travail de fresques commence. Elle revisite l'espace qu'on lui donne et l'investit avec un travail in-situ de fresques et de dessins immersifs sur lesquels elle dessine jusqu'à l'épuisement, rature avec le fusain, etc. Ainsi, elle s'interroge sur comment le corps a été représenté autrefois et comment elle peut le figurer aujourd'hui. Dans son travail, elle figure le corps tantôt d'une manière figurative en dessinant et sculptant des morceaux de corps; puis tantôt d'une manière abstraite en donnant des bourrelets aux murs ou en réalisant des fresques.

"Lorsque le papier ne suffit plus, je m’empare des murs : les Fresques prennent forme et je fais forme avec mon propre corps. Je deviens Faiseuse de formes. Une forme qui n’est pas arrêtée, mais qui a une ouverture.

L’inachevé, pour moi, sous-entend l’ensemble et donne un état d’ouverture et d’imaginaire pour celui qui le regarde. Le corps est absent dans les fresques, mais il est rendu visible de par mes gestes et traces fraîchement laissés."