Sceaux de femmes - Série Où sont les femmes dans l'histoire de Parthenay ?
La famille des Parthenay-Larchévêque a gouverné la seigneurie, puis baronnie de Parthenay pendant près de cinq siècles.
La liste des noms des seigneurs d’époque médiévale a été dressée depuis longtemps et leur histoire, actions et faits d’armes sont décrits dans de nombreux ouvrages. En revanche, la biographie des femmes est très souvent moins bien connue que celle de leurs maris : les dames de Parthenay sont citées essentiellement dans leur rôle de mères des différents seigneurs ou par leur dote apportée à la famille.
Georges Duby a montré combien les alliances avec des héritières alimentent les stratégies familiales de l’aristocratie médiévale. Celle des seigneurs de Parthenay, en utilisant un usage local, le « Viage », veut que la transmission du titre se fasse horizontalement : du frère aîné au cadet puis au puîné, etc. et ensuite, seulement, au fils aîné du frère aîné de la génération précédente, et ainsi de suite. Cette méthode d’héritage favorise le maintien des biens familiaux et évite la dispersion.
Les armoiries et les sceaux
Les armoiries sont un des premiers signes d’identité qui se transmettent par héritage. Les sceaux comportent à la fois une légende, avec le nom et la titulature de son propriétaire, et des emblèmes choisis, souvent héraldiques. Bien que l’usage pour les femmes semble être postérieur à ceux des hommes, on peut remonter au milieu du XIIe siècle. Les femmes mariées portaient les armes de leur père, de leur mari ou toutes les deux…
Les sceaux servaient essentiellement à la validation des chartes, grâce à l’empreinte sur cire qui garantit l'authenticité.
Les sceaux des femmes de Parthenay
Ces deux sceaux en cire sont connus et publiés depuis le XIXe siècle. Ils accompagnent chacun un parchemin et sont conservés aux Archives nationales. Le musée de Parthenay possède des copies en plâtre colorié.
Le premier est celui de Valence de Lusignan et il est daté de 1270. L’empreinte mesure L. 7 cm sur l. 4 cm.
Valence (ou Valérie) née vers 1210, est la fille de Guillaume II de Valence de Lusignan (branche des seigneurs de Vouvant et de Mervent) et de Marquise (ou Marguerite) de Mauléon (fille de Savari de Mauléon). Elle épouse vers 1247 Hugues II (1243-1271) et est la mère de six enfants, dont l’ainé sera l’héritier Guillaume VI et la cadette deviendra abbesse de Fontevrault. Etant l'héritière de Vouvant, Soubise, Mervent et Moncontour son mariage permet d’agrandir le territoire des Larchévêque vers l’ouest. Avec son mari, ils sont à l’origine de la fondation des Cordeliers à Parthenay.
Ce sceau est proche de ceux d’autres Dames de la famille Lusignan, à l’image de ceux de Yolande de Bretagne ou Béatrice de Bourgogne, de très grandes dames du XIIIe siècle : un sceau en forme de navette portant une légende en latin encadré par des traits avec, au centre et sur un fond lisse, la figure d’une femme début de trois quarts à gauche, la tête coiffée d’un touret et habillée d’une robe longue serrée à la taille par une ceinture. Elle porte un manteau non fourré posé sur ses épaules. Sur son poing gauche se trouve un oiseau dont on voit les gets qui servaient à le tenir.
Le deuxième, assez semblable, appartient à sa belle-fille, Jeanne de Montfort. L’empreinte mesure L. 8,2 cm sur l. 5 cm.
Il est daté de 1272, alors qu’elle est l’épouse de Guillaume VI (1271-1322). Elle est la fille de Rotron V de Montfort (Rotrodis de Monteforti) et de Dame Marguerite d’Alluye, de Château-la-Vallière et Saint-Christophe, mariés vers 1240.
Jeanne reçoit en héritage les domaines de sa famille dans le Perche avec les biens de Montfort-le-Rotrou, Vibraye, Bonnétable, Semblançay ainsi que de Châteaux (Château-la-Vallière) et Saint-Christophe et, par son mariage avec Guillaume, ces biens rentrent dans le domaine de la famille Parthenay-Larchévêque et agrandissent le territoire vers le nord.
Elle aura cinq enfants dont l’héritier Jean Ier (1322-1358). Elle décède le 26 mars 1291 et, dès 1295, Guillaume se remarie avec Marguerite de Thouars. De ce deuxième mariage naîtra un fils appelé Guy, à l’origine de la branche des Parthenay-Soubise.
Pour lire son sceau il faut regarder d’abord la légende en latin encadrée de deux lignes de grainetti. Ensuite le personnage féminin au centre est habillé d’un costume serré à la ceinture, semblable au précédent sauf qu’il est tournée vers la gauche et que le manteau est doublé d’hermine. Elle porte des gants et tient le rapace de son point droit, avec une pose légèrement déhanchée.
On ignore le nom de l’auteur de ces sceaux, même si l’on sait que Poitiers possédait une des rares écoles de graveurs au Moyen Age.
L'étude des sceaux fait l'objet d'une discipline appelée sigillographie.
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