DevineTonMusée : plaque d'insculpation

Une plaque d'insculpation est une plaque souvent en cuivre (parfois en cuivre argenté ou en plomb) sur laquelle l’administration fiscale de la Garantie consigne le poinçon de chaque orfèvre, son nom et son numéro d’enregistrement... Découvrez le nom et la présentation d'objets présents dans nos collections ou temporairement dans nos expositions.

Jeu #DevineTonMusee

L'objet curieux qui vous a posé questions sur les réseaux sociaux était une plaque d'insculpation.

Qu’est-ce que c’est ?

Une plaque d'insculpation est une plaque souvent en cuivre (parfois en cuivre argenté ou en plomb) sur laquelle l’administration fiscale de la Garantie consigne le poinçon de chaque orfèvre, son nom et son numéro d’enregistrement afin d’en garantir la validité et l’unicité.

Document officiel, la plaque d'insculpation devait conserver les empreintes des marques des orfèvres et servait pour le contrôle des métaux précieux, des objets fabriqués et protéger l'acheteur de possibles contrefaçons. C’est ainsi que pour lutter contre la fraude, une législation est instaurée dès 1260 et l’obligation d’apposer la marque de la communauté est décidée en 1275 à Paris et en 1318 en province. La Loi du 19 brumaire an VI (9 novembre 1797) mettra en place une nouvelle législation qui est encore en vigueur.

La plaque de Parthenay présente une forme rectangulaire en cuivre jaune portant, sur deux colonnes, les noms et les poinçons des dix orfèvres de Parthenay de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle. L’emplacement de ces colonnes est un peu surprenant car la liste commence en bas à gauche et se poursuit en haut à droite, peut-être parce qu’ils avaient prévu d’ajouter un texte ou une décoration qui n’a jamais eu lieu.

Pour la fabriquer, on a martelé le cuivre, puis on l’a gravé et poinçonné des noms et des poinçons des orfèvres en creux.

Qu’est-ce que le poinçon d’un orfèvre ?

Le travail de l’or et de l’argent a toujours été très surveillé par le pouvoir central. Afin d’assurer ce contrôle, chaque orfèvre devait avoir sa propre marque portant ses initiales.

Tous les orfèvres étaient tenus de faire insculper son propre poinçon, revêtu de ses initiales et de son symbole. Ils devaient déposer l'empreinte de leur poinçon utilisé pour les objets d'or ou d'argent auprès de l'administration compétente, afin de les faire agréer. Après la Révolution française, ces poinçons prendront une forme de losange.

La plaque de Parthenay a l’exceptionnalité de présenter les poinçons des orfèvres de l’Ancien Régime et ceux choisis postrévolutionnaires. Ils se présentent avec un numéro suivi de l’initiale du prénom puis du nom de l’orfèvre (et il faut souvent lire « J » à la place du « I » à l’exemple de I N BIGET pour Jacques-Nicolas) .

 




Comment étaient organisés les orfèvres ?

Pour l’Ancien Régime les orfèvres étaient organisés comme beaucoup d’autres métiers et commerçants en corporation ou « jurande », ainsi ces artisans appartenant à un même métier étaient rassemblés. Ils organisaient la formation des nouveaux apprentis et le système était dirigé par des maitres orfèvres, avec une réglementation des prix.

Nous avons des témoignages de la présence d’orfèvres à Parthenay dès le XVe siècle. Il s’agit de marchands. La jurande de Parthenay a été créée en 1725 avec la présence de cinq orfèvres en ville, afin de contrôler la qualité du travail. Ce n’est qu’en 1745 qu’ils obtiennent la contremarque (un nouveau poinçon) avec la lettre « P » surmontée d’une lettre date (qui permet de dater les œuvres) et d’une couronne.

Qui, quand, comment ?

Grâce à un document des archives nous savons que le fournisseur de la plaque s'appelait Louis Marenne qui était poêlier à Parthenay : il est « payé au citoyen Maranne, poêlier pour une plaque de cuivre destinée à insculper les poinçons des orfèvres de ce canton ». Prix payé : 2,10 francs.

La commande de la plaque date du 5 ventôse an VIII, donc de 1800.

Cet artisan, né en 1765 est aussi connu pour avoir fourni des lanternes et réverbères à la commune mais surtout pour avoir fabriqué une girouette en cuivre installée sur la porte de la Citadelle de Parthenay.

La plaque appartenait à la bijouterie Hyacinthe Drû, né en 1804 à Parthenay, orfèvre comme son père. Georges Turpin a récupéré son fonds composé de 34 pièces d’orfèvrerie (essentiellement des matrices d’orfèvrerie) qui font partie du fonds à l’origine de la collection du musée de Parthenay.